Situation
Sport : Course à Pied (trail, ultra)
Date : Jeudi 28 août 2008
Lieu : St Lary Soulan (65-Hautes-Pyrénées, Midi-Pyrénées)
Distance : 150 kms
Dénivelé : 9000 m+
Heure départ : 22:00:00 à Vielle-Aure
Temps de course : 46:00:00
Sport : Course à Pied (trail, ultra)
Date : Jeudi 28 août 2008
Lieu : St Lary Soulan (65-Hautes-Pyrénées, Midi-Pyrénées)
Distance : 150 kms
Dénivelé : 9000 m+
Heure départ : 22:00:00 à Vielle-Aure
Temps de course : 46:00:00
Déçu de ne pas pouvoir m’inscrire sur l’UTMB, je suis en train de lire un magazine de trail quand mes yeux s’arrêtent sur un petit article, affichant un Ultra Trail « Grand Raid des Pyrénées » de
La décision prise, il me reste 6 mois pour me préparer.
Départ de Brest le mercredi 27 août avec Aurélie, ma femme, qui me soutient depuis le début de cette aventure. J’emporte un sac plus gros que pour deux semaines de vacances.Voyage en train de nuit jusqu’à Tarbes (ce n’est pas le plus reposant avec des vacanciers qui ne pensent qu’à faire la fête)
Pas une minute à perdre, une douche et après un petit déjeuner dans la famille, départ pour Vielle-Aure, le paysage change, les Pyrénées sont là, on se rapproche du village et le stress se fait de plus en plus oppressant.
En arrivant, rien ne suppose qu’il va s’y dérouler un trail de cette envergure (pas de banderoles, pas d’affiches) mais on reconnaît vite les sacs à dos caractéristiques des trailleurs qui convergent vers l’endroit ou est délivré le fameux sésame.
Dix minutes d’attente, tout le matériel est ok.
Ca y est le dossard est là enfin, avec en cadeau, un tee-shirt tout simple (l’organisation a du garder les sous pour le cadeau finisher…)
L’après midi repos et préparation des sacs pour les bases vies de Villelongue et la Mongie (vêtements, chaussures de rechange, barres de céréales…) je ne suis pas très bavard.
Je connais pourtant par cœur ce que je dois mettre dans les sacs, mais ça va me prendre beaucoup de temps.
Difficile de dormir avec ce stress qui monte, je commence à cogiter… que c’est stressant de partir dans l’inconnu !
Juste six mois de préparation dans les alentours de Brest (pas facile de trouver du dénivelé), et un trail de
17h, le reste des supporters arrivent : mes parents vont m’aider à me changer les idées.
19h, pasta parti avec les autres coureurs.
Retour à la voiture, je ne tiens plus en place j’ai du mal à me concentrer sur les derniers préparatifs.
A l'unisson, les supporters se recueillent et se restaurent
Vaisselle par l'intendance
21h, en tenue je me dirige vers le briefing.
La salle est trop petite, le stress plus la chaleur dans la salle et je ne retiendrais presque rien du briefing.
Une photo avec les autres bretons.
Il ira loin ...
Un dernier au revoir à Aurélie et aux paparazzis.
22h, 230 coureurs au départ. Depuis le temps que j’attendais cet instant !
Sans musique, mais sous les applaudissements, nous nous élançons… Surtout ne pas partir trop vite, le stress est parti d’un seul coup. Les premiers km entre route et chemins puis on monte une piste de ski.
La première difficulté surprend tout le monde par la brutalité du dénivelé.13km et 1400m+
Premier rav. Col du Portet 00h10 Mes parents sont là, j’effraie ma mère car avec la frontale elle ne me reconnait pas.
L'ascension du Col, cela fatigue n'est-ce pas?
Une heure d’avance sur l’horaire prévu mais je me sens bien, je continue sur ce rythme. Je ne vais pas tarder à le payer. Arrivé au lac de l’Oule il y a des lumières qui vont dans tous les sens. Personne ne trouve les rubalises, des groupes se forment avec chacun son idée sur la direction à suivre.
J’ai tellement regardé de fois la carte que j’arrive à prendre la bonne direction à l’instinct. J’augmente mon allure pour rattraper un groupe et ne pas rester seul cette nuit.
Dans la montée d’ Hourquette Nère, je paye cash me erreurs du début, frissons, étourdissement je décide de laisser partir mon groupe et m’assois 5 mn.
Ca commence bien !!!
Presque torse nu je repars doucement. C’est un ultra je le sais, il y des coups de moins bien, il faut s’accrocher ça va passer.
La descente vers Tournabou est très technique. Impossible d’allonger la foulée, tout le monde râle mais je me rends compte que ça me permet de récupérer !
04h12 Tournabou, deuxième rav. J’ai perdu toute mon avance mais je me sens beaucoup mieux je vide mon camelback de son contenu énergétique et le remplis d’eau plate. Je repars avec de meilleures sensations. Quel plaisir de courir dans cette nuit noire sans trop de coureurs.
Je rattrape trois coureurs. L’un d’eux à déjà fait l’UTMB et
Les sensations sont bonnes sur cette partie de course jusqu’à Luz. La nuit ce termine mieux, on aperçoit les lumières de Luz dans le fond de la vallée.
06h30 à Luz : 45km 2300+ 08h30 de course tout va bien et je suis dans mes temps de passage.
Peu de trailleur sont là, c’est agréable. Une soupe, du jambon, fromage, eau gazeuse et coca je remplis le camelback.
15mn d’arrêt, je repars pour l’ascension du col du Riou, 10km et 1200+
Le jour se lève le moral est là, les jambes aussi. Toujours accompagné des trois mêmes trailleurs nous faisons la montée sur un bon rythme. Je peux enfin profiter du paysage.
Parking Bederet, juste 5 mn, le temps de changer de tee shirt et de téléphoner à mes parents.
Ils m’attendent à Cauterets, cette deuxième grosse difficulté se passera bien.
Femmes-supporter de coureurs à Cauterets
La descente est roulante est agréable vers Cauterets. Je joue la prudence et laisse partir le groupe.
C’est un vrai trail comme je les aime : courir en monotrace en montagne, très belle descente roulante.
Dans l’entrée de Cauterets une voiture garée devant une rubalise et c’est 10 mn de perdues !
10h20 Cauterets 63km 3400m+ 12h20 de course.
A aucun moment je ne pense aux kms qu’il me reste à faire. Je prends les difficultés les unes après les autres. Il faut gérer, ne pas se mettre dans le rouge.
Au ravitaillement je retrouve mes parents. Ca me fait du bien de les voir, ils ont passés la nuit dans leur voiture.
...Mais toujours le même repas…
Un œil sur la carte... 30 mn plus tard je
pars pour la plus grosse difficulté :
LE Cabaliros, 10km et 1500m+
La première partie se fait dans la forêt. Je fais toute la monté seul, je double des concurrents et bizarrement je ne souffre pas de la chaleur lorsqu’on attaque les alpages.
Chaque point d’eau est l’occasion de tremper la casquette ! Cette montée n’en finit pas !!! Lorsqu’on pense atteindre le col, il reste toujours une montée cachée.
Je retrouve un de mes trois compagnons. Il a fait l’erreur de vouloir monter en courant… Je l’attends et finis l’ascension avec lui, il est épuisé.
En basculant au sommet, on prend juste le temps d’admirer le paysage : on l’a bien mérité. Je n’ai plus d’eau dans le camelback, alors je ne m’attarde pas au sommet.
Entre Cauterets et Villelongue.
Je me remets à courir… Qu’est ce que j’ai soif !!!
Mon compagnon me dit de ne pas l’attendre il finira par abandonner à Villelongue.
J’ai trop soif, alors j’allonge la foulée jusqu’à Turon de
Bene. 10 mn d’arrêt, je remplis le camel.
On part à deux pour la descente. Les jambes sont lourdes, je suis fatigué.
Début d’échauffement sous les pieds… quelque chose ne va pas…
c’est plus long que prévu…
J’en ai marre, grosse baisse de moral. On a l’impression de ne jamais se rapprocher de Pierrefitte
Même pour l’arrivée dans le village, les organisateurs ont réussi à trouver un chemin très difficile à descendre.
Arrivée sur Villelongue...
Cédric aussi.
L’arrivée sur Villelongue est très technique et fait mal au moral.
Mon père est venu à notre rencontre, et nous accompagne pour
ces derniers hectomètres.
Villelongue, il est 17 h15, 88km et 5000m+ Une heure de retard sur mes temps de passage !!!
Je décide de bien me reposer, je n’arriverai pas à finir en moins de 40 h…
Maintenant je veux juste finir.
1ere base vie, mes parents sont toujours au rendez-vous.
En plus j’ai le plaisir de retrouver ma femme Aurélie, avec son grand père et son oncle.
Ne pas oublier l'entretien de la machine
45 mn d’arrêt je change les chaussettes, mets du strap sous les pieds mais je ne mange quasiment pas je n’aie pas faim et je commence à être fatigué.
Alors que deux coureurs repartent...
Départ pour la 3ème difficulté : l’ Hautacam, 9km et 1000m+
Je repars en même temps que les deux coureurs avec qui j’ai fini la 1ère nuit et fait l’ascension du Riou
Cédric ne tarde pas
J’ai l’impression que tout va bien, je n’ai plus mal aux jambes, mais l’ascension vers Hautacam devient vite un calvaire, pourtant la montée est roulante est belle…
Vers Hautacam...
J’ai un gros coup de fatigue, mes partenaires me parlent pour ne pas que je m’endorme en marchant. Je subis cette montée.
Ravito Hautacam
Il faut gérer aussi les coups de moins bien qui alternent avec les bonnes sensations. Se dire que ça va passer, ne pas écouter son corps et la douleur, penser à autre chose …
Que c’est dur !!!
Je ne pense qu’à une chose : arriver au ravito pour pouvoir dormir un peu !
Le départ pour la Mongie se fera par là.
Arrivée de Cédric à Hautacam
Km 97 22h45 de course!!!
20h45 au lac d’Isabi je suis mort de fatigue.
Je retrouve mes parents et décide de dormir, je leur demande de me réveiller dans 15 mn.
Je ne pensais pas que l’on puisse autant récupérer en si peu de temps !
Court, mais trop bon, ça va mieux, je prends une soupe. Mon père a rempli mon camelback.
Deux trailleurs, Yannick et Jean Pierre sont arrivés entre temps, ils m’attendent pour que je ne passe pas la seconde nuit tout seul et éviter de se perdre.
On ne se quittera plus jusqu'à l’arrivée.
Je ne reverrai mes parents qu’à la Mongie, deuxième nuit pour eux dans la voiture.
Je ne regarde plus mon road book de toute façon mon allure est dicté par mes sensations et le terrain.
Maintenant je sais que je finirais dans les temps impartis.
Col de Bareilles, 00h15 ça y est, je suis 100 bornard en 12h15 et 6800m+ !!!
Tout se passe bien jusqu’au lac Bleu ou là encore on ne trouve pas le balisage.
On est une vingtaine, on se disperse et le premier qui trouve le chemin appelle les autres.
On perdra une heure avant que Jean-Pierre ne trouve le chemin.
Cette nuit il nous faudra nous arrêter souvent dans chaque ascension pour récupérer.
La montée au Col de
Km 114 Col de Sencours 7600m+
Après une soupe, nous décidons de dormir tous les trois 15 mn.
On repart vers La Mongie avec le moral, le jour va se lever, on monte sans problème.
Km 121 et 7800m+ il
est 07h, 33h de course enfin La Mongie, avec un feu de camp à l’entrée du
ravitaillement
Nous avons fait Hautacam-La Mongie ensemble, nous irons ensemble jusqu'au bout : Jean-Pierre, Yannick et Cédric.
Ravito de la Mongie. Bien sur mes parents sont là.
Deuxième base vie on prend le temps de discuter et de bien se reposer.
Je dors 20 mn.
Jean-Pierre joue les photographes
Yannick voudrait bien mais...
...n'arrivera pas à dormir, alors il s'affaire.
Un peu reposé, changé, direction la restauration.
Étude du terrain à venir.
Marre de manger toujours la même chose… J’ai envie de Nutella… mais je me contente de pain sec et de café …
Changement de tenue.
dossards 188 - 65 - 200, nous avons le même but : arriver!
On repart, motivés pour cette dernière partie !
Le 123 nous accompagnera un moment.
Le paysage est magnifique, dernière grosse montée. Il fait moins chaud que la veille.
Il faut jouer les équilibristes sur d’énormes rochers... Et des pierriers.
(photo site GRP)
Refuge de campana 11h23 km 130 et 8600m+
ZIGZAG31 a eu plus de courage que mes parents en allant jusqu'au Pic de Bastan à la rencontre de son père et il a croisé d'autres coureurs parmi lesquels Cédric. Il a eu la gentillesse de nous offrir quelques photos, dont l'évolution de nos trois coureurs à une vingtaine de kms de l'arrivée.
C’est Yannick qui sera devant jusqu’au col de Bastanet, point culminant de la course 2500m, la descente est agréable mais je commence à ressentir une douleur sur le devant du pied gauche.
Cette épreuve doit rester une course et non une randonnée... Alors je passe devant et imprime un bon rythme. Pour aussi nous mettre à l’abri d’une éventuelle surprise de km oublié !
On est tous les trois depuis le début de la nuit dernière. C’est super de faire la course dans ces conditions.
Le lac de l'Oule.
Km 140 8957m+ 13h50 col de Portet dernier petit ravitaillement.
On s’arrête surtout pour profiter de ce dernier rav… Et discuter avec les bénévoles qui ne voient pas beaucoup de coureurs avec tous ces abandons !
40 h de course le moral est présent. Il ne reste plus qu’une grosse descente jusqu’à Vielle-Aure mais elle fait mal aux jambes !
Et je commence à vraiment avoir mal sur le devant du pied, Jean-Pierre voudrait trottiner, mais reste avec nous, pour finir ensemble !
La place de Vielle-Aure est encore bien vide.
On a profité des derniers kms… On s'est même imaginé comment nous allions passer la ligne d’arrivée…
Deux heures de plus que prévu, mais au vu des difficultés rencontrées, on est simplement heureux et fiers de finir.
Km 150 16h28 et 9020m+ 42h 28 de course.
En fait, corrigé au GPS, il y avait 165km et 9500m+
Mon père et Aurélie étaient venus à notre rencontre. Autre agréable surprise, il y a du monde et les membres de l’organisation pour nous accueillir.
En revanche pas de cadeau pour les finishers, vraiment dommage.
Oh cette joie en passant la ligne d’arrivée !!! Ca valait bien tout ces kms d’entraînements. Et quel plaisir j’ai eu à faire cette course !
Nous n’irons même pas au ravitaillement, mais directement au
bar pour savourer cette bière qui nous a fait tellement envie durant les
derniers km !!!
Une dernière photo pour la route et à plus!
Immense fierté d’avoir fini cet ultra. Les difficultés imprévues rencontrées, augmentent encore plus ce sentiment d’avoir réalisé un truc énorme.
Un ultra plus long et plus haut que prévu, des chemins très techniques, des balises enlevées sur le parcours, des marquages au sol changé… ça explique que sur 230 partants, seuls 43 finiront.
Des moments pas faciles à gérer mais qui nous en apprennent long sur notre capacité à se dépasser et à repousser ses limites. Beaucoup de fierté et d’émotion à l’arrivée.
Une course bien gérée dans tous les domaines, à aucun moment je n’ai pensé à abandonner.
Merci à ma femme Aurélie et à mes parents pour m’avoir accompagné.
Merci à Jean-Pierre et Yannick !